Manifeste des Instants Vidéo pour un In-ministère
des Forces de la joie et des Liesses Populaires.
Les Instants Vidéo le Jeudi 24 mai à partir de 18h30, avec "Planetopolis"
de Gianni ToTi à 21h au soiXante AdaDa 60 rue G.Péri à Saint Denis
Le mot « vidéo » se trouve dans mon dictionnaire coincé entre « vide » et « vide-ordures ».
Il est en embuscade, son fusil poétique à la main, prêt à combattre le néant de la pensée mercantile et la sur-abondance d’immondices qui pourrissent notre planète.
L’Etat mondial est une caisse enregistreuse qui soustrait les rêves humains de la mécanique corporelle condamnée à produire et consommer les conditions de son propre anéantissement en tant qu’humain. Nous sommes un peuple d’objets caractérisés par le rayonnement noir de la tristesse généralisée, c’est-à-dire imbibés de la certitude que le pire nous menace à un point tel qu’il est préférable de se contenter du peu, de survivre plutôt que vivre, de végéter plutôt qu’être végétal lumineux, oiseau du tonnerre, fauve indomptable, espèce caressante, rêvolutionnêtre…
Je propose d’adopter le rêve du cinéaste algérien Mohamed Zinet, juin 1962 (à la veille de l’Indépendance), de créer un ministère des Forces de la joie et des Liesses Populaires : « Nous avons tant de rires à rattraper, tant d’amours cadenassées à libérer… Nous risquons d’oublier à quoi servent le rire et l’amour ; devenir le plus grand musée Grévin vivant du monde. Prenons garde à ce que l’on ne nous mette pas une ceinture de chasteté au sexe et une autre à la bouche ! Exigeons ce ministère mais sans ministre ni directeurs ni huissiers en costume noir et gants blancs. Un ministère porte ouverte. Un ministère public, quoi ! » Ce qui signifie d’un point de vue pratique : Etre avide, avidéo, d’humour, d’humeur, d’humus, d’humanité, d’ubiquité… et d’ires, d’airs, d’arts astres, de cadastres désordonnés… Pas dire ce qui se dit. Penser ce qu’on dit pour que le présent de la parole ne soit pas sans passé ni devenir. S’accrocher à la fine herbe de ce que nous avons à dire au bord du torrent des rêves humains sacrifiés. Risquer de se pencher là où ça tumulte et de penser là où ça culbute, rebute, exécute… Penser le Tout-Monde, cette région du monde qui nous reste à découvrir tous ensemble (Edouard Glissant)…
Devenir découvreurs, des ouvreurs, sans dominances (domineurs-dominés) mais des luminances et des chrominances… Paysages sans décors avec des corps… Territoires qui débordent le monde connu… Egaliser le statut des lieux de naissance et d’adoption… Les presqu’îles, les presqu’océans, les presque nations, les presque continents, les presque poèmes, les presqu’arts…
Les insystèmes politiques, poétiques, sont des tremblements, des tâtonnements, des frémissements, des frétillements, des fulgurations souterraines… Le monde dominant, puissant, hégémonique, efficace, envahissant, performant, se conçoit comme une accumulation de continents et passent sous silence les archipels, les nomadismes, les errances… ce qui rapproche les éloignés… Ne plus délibérer comme des jurys de potences, mais délivrer les juges de la possibilité de la potence.
Alors… je vous embras(s)e…
Marc Mercier
Marc Mercier a publiè "le temps à l'oeuvre", contact : http://www.instantsvideo.com/archives/oeuvredutemps/
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